Force est de constater que les maladies psychiques, et plus particulièrement les personnes atteintes, continuent à être très largement stigmatisées dans notre pays.
Alors que près de 2 millions de Français sont touchés, ces maladies font paradoxalement peur. Elles sont perçues comme mystérieuses, sortes de "maladies de l'âme". On est bien loin de ce qui pourrait être une tare mentale. Il s'agit, en réalité, de maladies qui touchent le cerveau, l'organe le plus noble et le plus complet. Celui qui donne les ordres aux autres organes: un vaisseau amiral.
Aussi, personne n'est protégé contre un trouble psychique. Cela peut en effet frapper n'importe qui, même si nous ne sommes pas tous égaux devant ce risque. Les maladies mentales sont le fruit d'un processus complexe, déterminé par un ensemble de facteurs de fragilité à la fois génétiques et biologiques, environnementaux et psychiques. Dans le cadre de la schizophrénie par exemple, des gènes de vulnérabilité ont été identifiés mais ils n'en sont pas la seule cause. C'est généralement l'environnement qui sert de déclencheur: contexte familial traumatisant ou prise de drogue.
Il est donc difficile d'identifier une origine précise ou un groupe social plutôt qu'un autre. Les "candidats" aux troubles psychiques sont nombreux. Des événements de vie passés inaperçus ou autres antécédents familiaux cachés ou ignorés constituent autant de facteurs déclenchants. Nous sommes tous concernés dans la mesure où nous sommes des êtres humains avec nos fragilités.
Le "burn-out", fléau plus connu dans les entreprises
En ce qui concerne le "burn out", dont on a pu constater les dégâts autour de soi, on observe des "phénomènes en cascade" qui vont jusqu'à annihiler chez la personne touchée toute velléité d'avancer. De la même manière que pour une maladie de cœur, par exemple, celle-ci reste impuissante à faire obstacle aux conséquences de ces dysfonctionnements. Le "burn-out", s'il n'est pas pris au sérieux, peut être la porte d'entrée à des problèmes plus graves, parfois irréversibles. Toute la difficulté aujourd'hui est d'identifier précocement les symptômes annonciateurs. Soigner un "burn-out" prend du temps, la personne touchée se trouvant en situation d'épuisement. Elle a tout donné. Elle est complétement vidée.
Pourquoi ces maladies génèrent-elles autant de honte, de discrédit et de culpabilité?
Parce qu'elles font peur, ces maladies génèrent des idées fausses. Dans l'immense majorité des cas, et en dehors des drames parfois trop médiatiques, la personne atteinte d'un trouble psychique n'est dangereuse que pour elle-même. C'est le type de personnalité qui doit alors être mis en cause. Il est absurde et primaire de dire "Il est dangereux car bipolaire". Il existe une multitude de formes de bipolarité qui surviennent sur différents types de personnalité.
Quelles sont les avancées dans le traitement de ces maladies?
Fort heureusement, les choses commencent à bouger et les protocoles de prises en charge évoluent. Des approches différentes du traitement des maladies psychiques sont mises en place. On évite de parler de malade mais on parle plutôt de maladie, de troubles. Quand le trouble psychique est avéré, on s'emploie à poser un diagnostic précis, à lui donner un nom, afin de ne pas laisser libre court à l'approximation, au déni, au rejet, à l'ostracisme ou à la honte. En parler ouvertement est la meilleure façon d'encourager la personne atteinte à se battre contre une maladie comme les autres, mais qui ne sera pas perçue comme les autres. Lutter est un long et douloureux combat qui nécessite énormément de courage qu'il est important de reconnaître et de saluer. "Vous avez beaucoup de courage, je vois bien combien vous vous battez !" est le genre de phrase qu'il ne faut pas hésiter à prononcer. Faire preuve d'empathie est essentiel. L'incapacité à faire face aux contraintes de la vie n'a rien à voir avec un manque éventuel de volonté. Celle-ci est tout simplement annihilée.
Parallèlement aux progrès des traitements médicaux, on sait désormais que recréer du lien social est essentiel dans l'accompagnement de ces maladies. A la sortie de l'hôpital, les patients stabilisés grâce à leurs traitements ont souvent beaucoup de difficultés à retrouver une vie sociale normale. Ils ont perdu tout repère et sont souvent isolés, repliés sur eux-mêmes, parfois abandonnés par leurs familles. C'est un moment clé. Des structures non médicalisées telles que le Clubhouse répondent parfaitement à cette problématique et permettent de renouer avec l'envie de vivre, signe d'espoir s'il en est. Chacun retrouvera ainsi plus vite de la dignité, de la confiance en soi et plus facilement un emploi.